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Le Barreau de Bordeaux à travers l'histoire *
Ier ou du 2ème siècle
après J-C
Le Barreau de Bordeaux est
un des plus anciens de France. Comme dans beaucoup de villes deux fois
millénaires, l’activité des avocats y est aussi ancienne que la ville elle-même
et se confond avec l’histoire de la Cité. Un des plus anciens bas-reliefs (Ier
ou du 2 ème siècle après J-C), retrouvé dans le sol de la ville, ne
représente-t-il pas un procès devant un magistrat municipal ?
Le barreau gallo-romain
IVéme siècle après J-C :
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Âge d’or de la période gallo-romaine avec l’école
des rhéteurs bordelais, professeurs d’éloquence réputés en Espagne, à Rome ou
à Constantinople qui exerçaient en même temps l’activité d’avocat. "L'éloquence
et les orateurs ont eu rarement d'aussi beaux jours dans l'histoire de
Bordeaux : il faudra attendre les parlementaires du XVIIIème siècle
et les avocats de la Restauration pour retrouver chez nous une passion
oratoire d'une telle intensité" a écrit Camille Jullian. |
334 - 337 :
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Ausone (310-394) a plaidé avant que d’être
poète et grammairien (" nec fora non celebrata mihi ")
et de rejoindre Trèves en 367 à la demande de l’empereur Valentinien pour
servir de précepteur au jeune Gratien. Latinus Alcimus Alethius partageait
son temps entre le forum et l’école. L’oncle d’Ausone, Aemilius Magnus
Arborius, après Bordeaux, plaida à Toulouse, en Narbonaise, en
Novempopulanie et jusqu’en Hispanie cistérieure. On dit de Minervius, l'un des plus
illustres, qu'il ne forma pas moins de mille avocats à Bordeaux, avant d'être
appelé à Rome en 353. De lui, Ausone disait : " Dicendi
Torrens Tibi Copia " (Tu as l’éloquence du torrent en crue),
d’Alcimus Alethius et de ceux qu’il a formés dans l’art de l’éloquence, il
écrivit : " Ils vivront éternellement dans la mémoire des hommes ".
(Ces deux vers figurent à l’avers et au revers de la médaille du barreau de
Bordeaux, créée en 1985.) |
358 :
Le plus célèbre demeure "le grand
avocat des Gaules" (Camille Jullian), Attius Tiro Delphidius,
dont Ausone devait écrire : "Ton éloquence, célèbre en plus d'un lieu,
brilla dans la ville et hors des murs, quand tu parus, tantôt devant le chef
de la cohorte prétorienne, tantôt devant les juges des provinces, pour te
vouer à la défense de tes clients dont le nom ou la vie était en
danger." C'est lors du fameux procès qu'il intenta, en 358, contre
Numerius, gouverneur de la Narbonnaise, qu'il accusait de concussion devant
Julien, alors "César" en Gaule - vice-empereur - avant de devenir
empereur, que Delphidius, s'indignant que son adversaire niât les faits,
s'écria : « Et qui donc, illustre César, pourra jamais être coupable, s'il
suffit de nier son crime ? — Et qui donc pourra désormais être absous, lui
répondit Julien, s'il suffit d'être accusé pour être coupable ? » Cité par Gibbon,
le dialogue qui opposa celui que Chateaubriand devait qualifier de
"Delphidius célèbre avocat de Bordeaux" à l'empereur devait
demeurer aux sources de tous les débats sur la présomption d'innocence et son
évocation figure jusque dans la jurisprudence de la Cour Suprême des Etats
Unis.(Voir l'affaire Coffin c. Etats-Unis en 1895). |
Le Moyen âge
1190 |
Dès le XIIème siècle, le droit s'intéresse
au commerce. Les Rôles d'Oléron furent consacrés au transport de vin assuré
par des navires qui se rendaient à Bordeaux pour y prendre une cargaison à
destination du nord de l’Europe (Flandre, Pays Bas, Allemagne, Angleterre).
Ils constituent le premier "code atlantique de droit maritime". Les
premières règles ont sans doute été rédigées vers 1190, mais les premiers
documents qui soient parvenus jusqu'à nous datent de 1266. Ils comprennent 24
articles puis 38 voire 47 pour les plus tardifs. Ils ont donné naissance au
droit maritime moderne. Ils concernent principalement le commerce des vins du
port de Bordeaux – qui est cité à six reprises. Mais leur vocation est plus
ample "Bordeaux ou ailleurs" ne cesse de scander le texte : Il
s'agit des règles relatives au droit maritime qui ont été appliquées sur
toutes les côtes d'Europe, de la Méditerranée à la Baltique. Le vin est
d'ailleurs la seule marchandise qui soit clairement spécifiée aussi bien dans
les textes les plus anciens que dans les compléments ultérieurs où le sel, au
contraire, n'est jamais cité. ( The Rolls of Oleron.) ).
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1258 |
Dès la
fin du XIIIème siècle, on trouve la présence des avocats de Bordeaux dans les
anciennes Coustumas de la vila de Bordeu,
écrites en langue romane, et composées à dans un dialecte, dont 1'usage parait s'être conservé, à Bordeaux,
jusque vers le milieu du XVème siècle. Monument
qui résume le droit pénal de la première période anglaise, elles se composent de 242 articles, dont 68 sont
relatifs à l'administration de la justice criminelle et quelques autres s'y
rapportent indirectement.Dans la version imprimée en 1768, elles font
référence à un arrêt de 1258, et le manuscrit des archives de la ville en
mentionne un autre de 1351. Las Coustumas fournissent des indications préciseuses sur le fonctionnement des juridictions. Que ce soit la magistrature locale : le Prévôt de la ville,(désigné tantôt sous le nom de Prévôt de Bordeaux, tantôt sous celui de Prévôt de Saint-Éloi) qui connaissait de toutes les affaires ou contestations des bourgeois ou habitants de la ville et de la banlieue, tant civiles et criminelle, avec pour juge d'appel,le Maire, président du tribunal de la commune, appelé la Cour de Saint-Éloi, et composé de la Jurade. Ou les représentants de la justice royale : le Prévôt de l'Ombrière, qui tenait ses assises sous les arbres du château de l'Ombrière et exerçait sa juridiction "entre les estrangers complaignants, venants de plus loin que la banlieue de la ville" et le Sénéchal de Bordeaux ou de Gascogne, appelé souvent Châtelain ou Juge des appels, qui tenait au château de Bordeaux une cour solennelle. |
L’importance de l’activité judiciaire est
attestée par une charte de Philippe le Hardi, datant de juillet 1283 où le
prince déclare « faire remise à son « cher
cousin et féal Édouard, roi d’Angleterre et duc d'Aquitaine », des
amendes auxquelles pourraient » donner lieu les appels interjetés de lui roi
ou de ses sénéchaux ou leurs lieutenants, en toutes les terres » qu'il a ou
aura en Gascogne, Agenais, Quercy, Périgord), Limousin, Saintonge, de mauvais
et faux jugements et pour « défault de droit ». ( On sait qu’à l'origine, c'étaient « les juges mêmes
desquels il était appelé », qui encouraient l'amende en cas
d'infirmation de leurs sentences ce qui constituait en soi un progrès, sur
l’époque où ils se trouvaient plus anciennement de défendre leurs décisions
en champ clos et les armes à la main contre les plaideurs mécontents.) L’avocat le plus ancien connu est Ramon
de Léon, dont les anciennes Coustumas de la vila de Bordeu rapporte qu’il a plaidé en l'an du
Seigneur 1293. |
1375 |
De 1375 à 1393, chaque année, à la première
audience tenue par la Cour de Saint-Éloi, et après l'élection des nouveaux jurats,
les avocats prêtaient le serment de ne prendre aucune cause mauvaise, de ne
rien dire qui soit contraire à la coutume, à leur raison ou à leur
conscience, mais de les plaider loyalement, sans soulever aucune exception
frustratoire, comme de ne rien faire qui porté atteinte à la juridiction du
maire et des jurats. (La formule de ce serment solennel nous est parvenue
entière dans le Livre des Bouillons de la Ville de Bordeaux). |
1462 |
En signant en 1462, l'acte de naissance du
Parlement de Bordeaux, déjà promis par Charles VII en 1451, lors du retour de
l'Aquitaine à la Couronne de France, Louis XI a consacré indirectement la
création du Barreau de Bordeaux. Le 12 juin I462, Louis XI consomma par ses
lettres patentes, données à Chinon, l'exécution de cet établissement. Le
Parlement de Bordeaux entra en exercice le lendemain de la fête de
Saint-Martin de cette même année. |
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L'audience solennelle d'ouverture a lieu
dans l'antique Palais de l'Ombrière dont le nom "Castrum
Umbrariae", venait de l'ombrage que faisaient, sur la place qui est
au devant, des arbres en avenue et sous lesquels autrefois le prévôt rendait
la justice, le 12 novembre 1462. |
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Cette date marque la naissance du barreau et
figure au bas de l’avers de la Médaille. En effet, le barreau s’est organisé
à partir de cette date sur des bases qui ont perduré jusqu’au début du XXème
siècle. La Confrérie deviendra un siècle plus tard la
Compagnie, puis l'Ordre des Avocats. Le plus ancien
inscrit est le doyen, et deux syndics sont, chaque année,
désignés par le Parlement et pris dans une liste de six candidats, composée
de trois anciens avocats- choisis dans la première moitié des inscrits, et de
trois autres relevés dans la deuxième moitié. Le 19 mai de chaque
année, la fête de saint Yves, patron de la Confrérie des avocats et
procureurs, était la fête du Palais tout entier. |
Guillaume Le Blanc et la
"commune de Guyenne "
Au
début du XVIème siècle, il y avait 62 avocats inscrits au tableau et 85
procureurs au Parlement. Parmi eux des noms qui unissent ma magistrature et le
barreau, en 1538 on cite outre Guillaume Le Blanc, François Ranconnet, Bernard
de Laburthe, Richard Duplessis, Pierre Essenault, Guillaume de Bourdeaux,
François Maleret, François de Malleville, Jean de Lange, Pierre Métivier, Baulon, du Noyer, Le Berton, Gaufreteau, Belcier, et bien d'autres
encore. Aussi fortuitement que la défaite anglaise avait favorisé la naissance
d'un Barreau organisé, une révolte contre la gabelle va projeter un de ses
membres à une place de choix dans l'administration et la reconnaissance de ses
concitoyens. Encore serait-on tenté de dire, que l'impôt sur le sel, fortement
impopulaire en Guyenne, dans les dernières années du règne de François Ier, et
dans les premiers mois de celui d'Henri II, ne fut sans doute qu'un prétexte et
non un motif de l'Insurrection. Le retour de Bordeaux, anglaise cent ans plus
tôt, dans le giron français ne présentait-il pas des racines encore fragiles ?
1548 |
La
révolte s'étend à toute la Guyenne. A Bordeaux, des violentes émeutes ont
lieu et le peuple en armes saccage les maisons des représentants du parlement
de Guyenne et tuent plusieurs personnes dont lieutenant général du
roi, Tristan de Moneins, |
1550 |
Guillaume Le
Blanc est le plus célèbre des avocats
bordelais du XVI-siècle; son nom ouvre la liste des orateurs et des
jurisconsultes qui ont fait la réputation du barreau de Bordeaux. On ignore
la date de sa naissance et celle de sa mort. Il naquit en Saintonge, mais il
appartenait à une famille bordelaise: son père, Itey ou Itier Blanc, était un
riche marchand de la paroisse Saint-Michel, qui fut jurat en 1515 et en 1523. En 1542, lorsque
les ordonnances sur la gabelle avaient causé en Saintonge un soulèvement à la
suite duquel les habitants furent accusés de rébellion : ils choisirent pour
défenseur Guillaume Le Blanc qui plaida avec succès leur cause à La Rochelle,
le 1°- janvier 1543, devant François Ier. Élu jurat en 1548, quelques jours
avant la révolte dite de « la Gabelle », Le Blanc se trouva ainsi chargé de
défendre la Cité devant le connétable Anne de Montmorency qui était venu
châtier la rébellion et. faire le procès à la Ville. Alors qu'il ne restait
plus d'autre parti que la soumission dans la servitude, la ville trouva
cependant un ultime recours, en confiant à un Jurat, Guillaume Le Blanc,
" Avocat à la Cour du Parlement ", considéré comme le
"meilleur" de son temps, la charge de plaider et d'obtenir du trône
un pardon pour la ville démantelée. Son plaidoyer ne put désarmer
l'inflexible Connétable. Mais, un an plus tard, député par ses concitoyens
auprès du roi Henri II pour solliciter leur pardon et le rétablissement de
leurs privilèges, le Roi, bien qu'il fût juge et partie en cette
affaire, n'en accordât pas moins un pardon qui arrachait la ville aux
extrêmes rigueurs du châtiment, « il parla avec tant d'éloquence que le
prince consentit à restituer les Bordelais en leur honneur et bonne renommée
». Jamais avocat ne fût plus cher au cœur de ses concitoyens que Guillaume Le
Blanc dont le haut fait a scellé le lien du Barreau et de la chose publique,
en même temps qu'il inaugurait la geste des amours tumultueuses de Bordeaux
et de la Monarchie. En 1560, Le Blanc assista aux États Généraux
d'Orléans en qualité de député de la ville de Bordeaux. Guillaume Le Blanc,
seigneur de Courcoury et de Polignac, en Saintonge, du Puy de Gensac,
dans la paroisse de Pellegrue, devint
conseiller du roi de Navarre et maître des requêtes ordinaires de son
hôtel. Protestant, il faillit périr dans le massacre des Huguenots a
Bordeaux, le 3 octobre 1572. Il eut de nombreux enfants, et sa descendance a
fourni des conseillers au parlement de Bordeaux jusqu'à la Révolution. Bernard de Laburthe, contemporain et
ami de Guillaume Le Blanc, fut à ses côtés et avec Jean de Lange l'un des
maîtres de la barre les plus brillants et aussi un jurisconsulte de grand
savoir. Né en Armagnac, à une date inconnue, il fut élu jurat en qualité
d'avocat en1546. Après la révolte de 1548, on le trouve parmi les rédacteurs
de la supplique que les Bordelais voulaient envoyer à Henri II, et il fut
avec son confrère et ami Guillaume Le Blanc un des quatre députés choisis
pour aller la présenter au roi. Plus tard, c'est aux côtés de Le Blanc qu'il siégea
aux États Généraux d'Orléans où tous deux représentaient la ville de
Bordeaux. Comme Le Blanc, il était conseiller du roi de Navarre et maître des
requêtes ordinaire de son hôtel. Il
était allié avec plusieurs membres du Parlement, en particulier avec le
conseiller Charles de Malvyn. Le nom de Laburte fut après lui représenté au
barreau par ses fils Jean et Daniel. Il dut mourir en 1580 ou 1581. Jean de Lange naquit à Bordeaux; on ne sait en quelle année mais par un
acte où figure sa veuve nous savons, qu'il ne vivait plus en février 1581. Il
était avocat au Parlement lorsqu'il fut élu jurat en 1547. Il fut mêlé aux
événements de 1548, et fut un des rédacteurs de la supplique que les
Bordelais envoyèrent à Henri II pour solliciter leur pardon. Député aux États
Généraux d'Orléans par le Tiers-État, de Guyenne, il fut choisi comme orateur
de l'Ordre, et prononça, le 1er janvier,1561, devant le jeune roi Charles IX,
sa Harangue du peuple et du tiers-état de toute la France au Roy
très chrestien Charles neufième, tenant ses États généraux en sa ville
d'Orléans, le premier jour de janvier 1560. D'après le portrait qu'en a
fait Gabriel Delurbe, c'était un bel orateur, au front élevé, à la voix
puissante, à la parole vive et acérée. Les écrits de l'époque le représentent
comme un esprit remuant et exalté. Pierre Métivier, avocat au Parlement
dès 1560, reçu bourgeois de Bordeaux le 19 décembre 1571 et élu jurat en
1574, fut chargé d'aller à Lyon pour présenter les «soumissions de la ville»
à Henri III, qui faisait son entrée dans son nouveau royaume. Pierre Métivier,
que la Chronique Bourdeloise qualifie de « grand et scavant
personnage », fut député aux États Généraux qui se réunirent à Blois le 16
octobre 1588. Il revint à Bordeaux après l'assassinat du duc de Guise (23
décembre), où il devait être à son tour, assassiné en février 1589, victime
des discordes religieuses. |
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A côté des orateurs, le barreau
produisit des écrivains, et la mémoire de certains d'entre eux, à des titres
divers, est parvenue jusqu'à nous. Ainsi en est-il de Pierre de Brach, (1547-
1605), qui partit apprendre la jurisprudence à l'Université de Toulouse, que
l'enseignement de Cujas rendait alors célèbre. Jeune poète, il y fut, vers
1567, honoré du prix de l'Églantine presque dans le même temps où
Ronsard recevait, lui, une Minerve d'argent massif, l’académie des
jeux Floraux " estimant l'Églantine trop petite pour un si grand poète ".
De retour à Bordeaux, il devint avocat. |
Pierre de Brach avait traduit le Tasse et
l’Arioste. Il connaissait les littératures latine et italienne, comme nombre de
ses pairs. Il eut des amitiés illustres : Guillaume de Salluste du Bartas,
auteur de la célèbre " Semaine ", Montaigne, dont il fut
l’intime, et à propos de la mort duquel il écrivit sa célèbre " Lettre
sur la mort de Montaigne ", ainsi que les meilleurs esprits, les
grands savants et les poètes du xvie siècle, et entre autres : Ronsard, Jacques
Pelletier, Pasquier, etc
La
faveur de Marguerite de Navarre lui servit à obtenir, en 1577, l'office de
conseiller du roi et la charge de Contrôleur en la Chancellerie de Bordeaux.
Selon la Chronique bordeloise de Jean
de Gaufreteau, les "cinq plus fameux advocats de qui fussent à
Bourdeaux en ce temps-là" (1570), étaient " Galopin,
Langalerie, Chimbault, Le Recteur et Sainct-Angel ". Jehan Géraud de Langalerie ( 1532-1609)
qui a marqué le Parlement de Bordeaux de 1550 à 1590, fut le premier à défendre
les réformés, et notamment leur droit de se réunir lors de séances houleuses à
la Maison de Ville, évoquées par Dom Devienne. La renommée de Romain de Chimbaud de Filhot et d'Elie de
Saint-Angel franchira le XVIème siècle.
1594 |
Les avocats du XVIème siècle
illustrent la tradition des chroniqueurs de l'histoire de la ville que devait
reprendre Bernadau au XIXème. Gabriel de Lurbe, (…- 1613), qui fut en
1572, procureur-syndic de la Jurade et anobli en 1589, publie en 1594, la Chronique
bourdeloise - le premier travail entrepris sur l'histoire de Bordeaux -
qui connaîtra deux éditions en latin et une en français, et que continuèrent
après lui d'autres avocats, Jean Darnal, en 1619 (pour la partie
1594-1619), puis Jean de Ponthelier, à partir de l'année 1620 (1672)
et Clément Tillet, qui reprit l'ouvrage à partir de 1672 jusqu'en
1701, puis refondit ses recherches et celles de ses trois devanciers, en y
ajoutant une suite jusqu'en 1716. Dans un tout autre style, Jean de Loyac, né à Tulle vers 1560, avocat à Bordeaux dès
les débuts du règne d'Henri IV, qui, en décembre 1598, fut député par la ville
près du roi pour réclamer l’abolition des subsides imposés sur les ports de |
La rédaction des
"Coutumes"
1621 |
Las Coustumas de la vila de Bordeü n’ont
jamais été traduites en français. Sous Louis XII, le premier président du
parlement de Guyenne, Pierre Mondot de la Marthonie (1466-1517), travailla à la rédaction des Coutumes de son
ressort. Mais il n'eut pas le temps d'achever
sa tâche, car - proche de François Ier - il fut appelé à la tête du Parlement
de Paris en janvier 1515 et fut chargé de l'administration du Royaume par la
régente Louise de Savoie pendant la première campagne d’Italie. François de Belcier ( 1520-1544), qui lui succéda comme
premier président, reçut en 1520 de François Ier l'ordre d'achever son œuvre. Pour la première fois peut-être depuis la
conquête française, les Trois-Etats de la Sénéchaussée de Guyenne
s’assemblèrent le 7 février 1520. Le travail ne fut terminée qu’en 1527, et
les Coutumes parurent alors sous le titre plus moderne de « Coutumes générales de la ville de
Bordeau, sénéchaussée de Guyenne et pays bourdeloys». Ce sont elles que
commenteront Ferron (1544), Automne (1621), Dupin (1728), et les frères
Lamothe, eux-mêmes qui les publieront en 1768. Bernard Automne (1574-1666), avocat
au Parlement, rédige les Coustumes Generalles de Bordeaux. Jusqu'alors
elles avaient fait l'objet de plusieurs tentatives de rédaction depuis le
règne de Louis XII et de François Ier, dont les commentaires d'Arnauld de
Ferron (1515-1563), conseiller au Parlement. Les Commentaires
d'Automne seront plusieurs fois publiés après sa mort. |
1647 |
Mais la postérité à conservé davantage le
nom d'Estienne Cleirac, avocat à Bordeaux (1583-1657), auteur des Explication
des termes de Marine (1636), des fameux « Us et coustumes de la
mer », divisées en trois parties. I de la Navigation. II Du Commerce
Naval & Contracts Maritimes. III De la Jurisdiction de la Marine. Publié
chez Guillaume Millanges, en 1647 à Bordeaux, avec un « Traicté de
termes de Marine, & règlemens de la Navigation des Fleuves &
Rivières ». L'ouvrage, traduit en anglais et en hollandais et
plusieurs fois réédité, y compris à Rouen en 1671 est considéré comme la
source du droit maritime français et à fait autorité jusqu'à la fin du
XVIIIème siècle. et contient également un passage sur la pêche à la baleine.
Dans un des chapitres, « Première découverte de l'Amérique par les Basques
»), Cleirac affirme que les Basques ont découvert Terre-Neuve et le Canada
cent ans avant Colomb, et que c'est un pilote de Terre-Neuve qui lui en révéla
l'existence. Thomas Jefferson qui en possédât un exemplaire de la seconde
edition revue et augmentée de 1661, le considérait comme un ouvrage de
référence. |
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Juriste, ingénieur, physicien, avocat au
Parlement de Bordeaux en 1664 et érudit, ainsi se présente, à la même époque,
César D'Arçons (?-1681). Lui ne s'est aucunement préoccupé de droit et
ses confrères ne l'ont guère croisé pendant ses années de profession. S'il
s'est signalé en s'intéressant à la mer, c'est pour son ouvrage, décapant
même à l'époque, "Le secret du flux et reflux de la mer (publié
en 1655), où réfutant catégoriquement l'hypothèse copernicienne de la
rotation de la terre sur elle même et se refusant à croire à l'influence de
la lune sur les marées, il attribuait le phénomène des marées à un mouvement
interne de va-et-vient de la Terre le long de l'axe du monde. |
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Non mois original fut, il est vrai, Pierre
Trichet, (1586-1644), bibliophile en relations avec des poètes et des
savants, qui a publié en 1617 et 1635 une Tragédie de collège et un recueil
d'Epigrammes en vers latins. Il possédait un cabinet de curiosités en tout
genre, le premier qu'on ait formé à Bordeaux - et collectionnait les
instruments de musique. Il est ainsi l'auteur du très savant Traité des
instruments de musique, 1640, demeuré inédit jusqu'au XXème siècle mais
considéré, de nos jours encore, comme l’une des meilleures sources de
connaissance des instruments de musique de l'époque et périodiquement réédité
depuis. |
1651-1653 |
De 1652 jusqu'au retour de l'autorité royale
en 1653, les avocats se divisent à propos de l'éphémère république gasconne
dite de "l'Ormée" du nom d'une promenade de la ville plantée
d'ormes où ils se réunirent pour la première fois. 39 avocats figurèrent
parmi les Cent & Trente restés fidèles au pouvoir royal et cinq seulement
parmi les défenseurs de l' assemblée populaire dont Estienne Cleirac. Pierre
de Villars, "avocat remuant et rusé", selon Boscheron des
Portes, apparaît en avoir été un des chefs, avec un "solliciteur de
procès", dénommé Duretête. Pourtant, il semble surtout avoir
outrancièrement joué double jeu ou avoir pour le moins abandonné la cause en
temps opportun puisqu'il fut considéré comme un soutien par les deux camps et
a reçu à quelques semaines d'intervalles des louages tant du roi que du
prince de Condé pour le rôle qu'il avait joué. Duretête fut exécuté. |
1675 |
Abraham Lapeyrère, publie pour la
première fois, ses Décisions sommaires
du palais, considérées comme une simple compilation qui mais qui fut
selon Bernadau, « le répertoire de jurisprudence locale le plus consulté
dans le temps ». Au point qu’il en parut six éditions successives, à
Toulouse en 1689, et à Bordeaux juqu’en 1807. |
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Dès la seconde moitié du XVIIème siècle, le
barreau comptait plus de cent cinquante avocats inscrits, organisés autour
de leurs Syndics, choisis dans une liste de six membres, composée de trois
anciens et de trois jeunes inscrits au barreau. Il comprenait plus de deux
cents membres en 1611, s'il on en croit François de Bonalgues.. Les Plaidoyers
et actions graves et éloquentes de plusieurs fameux
advocats dit Parlement de, Bordeaux
que fit le libraire-imprimeur Gilbert-Vernoy, en 1616, contient des plaidoyers d'avocats
demeurés fameux du XVIIème siècle, parmi lesquels outre Jean de Ponthelier et Clément
Tillet, François de Bonalgues, Jean de Poitevin, Jean de Malvyn, François
de Roquette, qui rima en 1621 des Quatrains moraux et une Ode
au cardinal de Sourdis. Il convient de leur adjoindre Daniel de Prièzac,(1590 - 1662) élu
membre de l'Académie française en 1639,.Denis
de Vielbans, auteur de plusieurs ouvrages juridiques dont un paru sous un
titre fort curieux ; Miroir des familles, dans lequel chaque particulier,
tant des Ecclésiastiques, que la Noblesse & du tiers Estat pourra voir
& reconnoitre le rang qu'il doit tenir avec les prérogatives, honneurs,
& preferences qui luy doivent être attribuées.., avec un traité très
curieux de l'origine de nos roys, directement depuis Pharamond jusques à
présent (1673).. Déjà une première dynastie du
barreau parcourt le siècle : une première dynastie du barreau parcourt le
siècle : François, Jacques puis Jean de Fonteneil, tour à tour syndics
et Jurats. |
L' " Age d'or "
classique
De
l'Age d'or économique du XVIII ème siècle, date l'éclosion d'un nouveau Barreau
et d'une période faste sans précédent.
1708 |
Montesquieu est reçu avocat au
Parlement de Bordeaux. Cinq ans plus tard, après la mort de son père (1713),
il deviendra, en 1714, conseiller au Parlement de Bordeaux puis héritera deux
ans plus tard de la charge de Président à mortier de son oncle. |
1709 |
Naissance de Jean de Seze,
(1709-1777), avocat au Barreau de Bordeaux à partir de 1736. Il s'illustre notamment, en 1762,
dans le célèbre procès des Jésuites que
le gouvernement voulait réformer et que le Pape déclarait, de son côté, irréformable.
En 1763, il refusa d'accepter les fonctions de jurat de Bordeaux, que lui
proposait le Maréchal de Richelieu en préférant se consacrer exclusivement à « l'exercice et à l'emploi de sa profession
».Mort en janvier 1777, il avait pu assister au premier succès de son
quatrième fils Raymond dit Romain, dont la gloire allait éclipser la sienne. |
1711 |
Naissance de Joseph Duranteau dit
"le Grand" (1711-1790). Il sera le dernier Doyen de l’Ordre de
l’Ancien régime. Duranteau devait rester célèbre dans la mémoire se ses confères
bordelais pour sa réplique à un avocat général qui, pour le faire taire après
ses réquisitions, lui avait lancé : « On ne parle pas après les gens du roi!
» - « On plaide après les gens du roi, répondit Duranteau, lorsqu'ils ont
dénaturé la question à juger; on plaide après les gens du roi, lorsqu'ils
cherchent à déshonorer un fils auquel son père a pardonné.» |
1723 |
Pierre Dupin (1681-1746), originaire de Tartas, est reçu avocat à Bordeaux mais, le premier président lui "ayant donné qulques sujets de mortifications"(Lamotte), il quitte le barreau en 1725 pour se consacrer à une nouvelle rédation des coutumes et publie en 1728 chez Etienne Labottière une Edition du Commentaire d'Automne puis une véritable table analytique rendant accessible les commentaires de Ferron et d'Automne, la Conférence de toutes les questions traitées par M. de Ferron, par ordre alphabéthique, avec le Commentaire de M. Bernard Automne", parue après sa mort en 1748 chez l'imprimeur J.B. Lacornée.. |
1749 |
En 1749, à la suite d’une sanction contre un avocat qui avait plaidé contre un magistrat de la Cour, le barreau décide que les syndics seraient supprimés, et qu'à l'instar du barreau de Paris, celui de Bordeaux placerait à sa tête un bâtonnier. Le premier bâtonnier élu est Me Grenier, qui fut chargé par la Compagnie de se rapprocher du Parlement, et d'obtenir que la décision de justice qui avait atteint leur confrère fût enfin rabattue.. |
1750 |
En janvier I750, sur les réquisitions du procureur général, le Parlement annule la délibération prise par les avocats, et refuse aux avocats le droit d'organiser leur Compagnie sur. le modèle de celle de Paris en mettant un bâtonnier à sa tête. Durant dix huit mois, la crise se compliquant de questions de politique et de personnes jusqu'à paralyser l'administration même de la ville. |
1752 |
Le 28 avril 1752, un arrêt de la Cour exigea
que les avocats qui désiraient exercer leurs fonctions "en la Cour"
se fassent inscrire sur un remis au parquet des Gens du Roi. Le 2 juin 1752,
une assemblée générale de l'Ordre délégua six avocats qui firent soumission
au premier président et le lendemain, tous les avocats revinrent à
l'audience. Trente deux avocats se firent inscrire sur le Tabeau arrêté le 30
juin 1752 par les syndics Saint Martin et Duboucheron. Selon le
tableau arrêté le 13 janvier 1754, le barreau se compose de 123 avocats et de
143, l'année suvante.Le "Doyen" est alors Jean-Nicolas de
Lisleferme qui a plus de cinquante annéee d'exercice professionnel depuis
1699. |
|
Dans sa deuxième moitié, le XVIIIème siècle
a consacré outre les talents de Jean de Sèze et de Joseph Duranteau, dernier
Doyen de la Compagnie de l'Ancien Régime, celui de Guillaume Brochon (1729-1814),
juriste de haute lignée en même temps qu'archétype déontologique. Tous
trois représentent à la fois le Barreau classique à son apogée, avec ses
traditions intangibles, et sa paisible évolution dans une ville
parlementaire. Ce premier " Triumvirat " ( auquel
il faut ajouter un quatrième, Martignac père), a régné sur le Barreau
de Bordeaux jusqu'à l'aube de la Révolution, assurant même, par sa
descendance judiciaire, une continuité, qui pour de Sèze et Brochon, devait
atteindre notre siècle. |
1768 |
Simon-Antoine Delphin de Lamothe
(1725-1781) et son jeune frère Alexis de Lamothe entreprennent une
nouvelle édition des Coutumes du ressort du Parlement de Guienne. Ils
sont les fils de Daniel de Lamothe, doyen en 1763, et célébré comme «
l'oracle et l'ornement de la Compagnie » en raison de son habileté, de sa
probité, et de son désintéressement étaient cités par ses contemporains. En
deux volumes publiés à une année d'intervalle ils entreprennent à nouveau,
dans le prolongement de Ferron, Automne, ou Dupin, le vaste travail de
compilation des onze coutumes du ressort qui avait occupé les premières
années du XVème siècle. Mais avec plus de rigueur et de précision que leurs
prédécesseurs, leur méthode consistant à remonter aux sources et à mettre en
perspective la coutume au regard des événements, des mœurs ou des faits du
temps. Dans ses travaux sur l'ordonnance de 1667 et dans son commentaire de
l'ordonnance criminelle de 1670, Delphin de Lamothe, inscrit à dix-neuf ans
au barreau, réprouva les procédures sécrètes, les pratiques tortionnaires et
réclama la suppression du titre XIX de l'ordonnance, ne comprenant pas c
qu'on pût parler autrement de la torture que pour déplorer les abus qui
peuvent naître d'une "pratique aussi cruelle dans son exercice qu'incertaine
dans ses résultats ». |
1787 |
A la veille de la Révolution, Libéral
François de Salviat ( 1746 – 1820), conseiller au Présidial de Brive, avant
de devenir en 1790, le premier maire élu à Brive par une assemblée
démocratique, publie, en 1787, à Paris, chez le libraire Buisson, La
jurisprudence du Parlement de Bordeaux, avec un recueil de questions
importantes agitées en cette cour et les arrêts qui les ont décidées (Cliquer ici pour
lire l'ouvrage), qui répertorie les attestations du
barreau, actes par lesquels les avocats du Parlement, convoqués par. les
syndics de la Compagnie, authentifient un point de la jurisprudence. Le
recueil témoigne de l'importance dans tout le ressort du Parlement du rôle
des avocats du barreau de Bordeaux. Toutes les questions traitées dans le
recueil sont assorties d'attestations des syndics de la Compagnie des
avocats. Les consultations ont pour signataires les
avocats les plus en vue du temps : Castelnau, Gilet de Blaze, Le Doulx,
Beaune, Joseph Mascard (inscrit au tableau en 1701), Jacques-Antoine Galibert
(1712), Pierre Brochon (1715), Bernard Destoup (1716), Jeau-Baptiste Cazalet
(1716), Yves Tournaire (1719), Charles Dumoulin (1719), Pierre
Terrasson(1720), François Fourcade (1710), François Bigorre (1741), Antoine
de Brezetz (1724). |
Cinq avocats bordelais pour
" le jugement de l'Histoire "
1781 |
Inscription au barreau de Bordeaux de Pierre-Victurnien
Vergniaud (1753-1793). Il y plaidera jusqu’à 1791. Avec Arnaud Gensonné
(1758-1793) et Marguerite-Elie Guadet (1758-1794), ils vont donner
leur nom aux " Girondins " de la Révolution française et
formeront le célèbre " Triumvirat de la Gironde ". En réalité, eux
aussi, seront quatre avec Jean-Antoine Laffargue de Grangeneuve
(1751-1793). |
1784 |
En mars, Raymond dit Romain de Seze,
fils de Jean, (1748-1828) quitte Bordeaux pour Paris. Il sera l’avocat de
Louis XVI devant la Convention. « Son éternel honneur, a dit Prosper de
Barante, sera d'avoir été associé à l'événement le plus tristement religieux
de notre Révolution. » Arrêté après le procès du Roi, de Seze recouvra sa
liberté au 9 thermidor. |
1790 |
Suppression des Ordres. Instauration des
" défenseurs officieux ". |
1791 |
En octobre 1791, Vergniaud, Gensonné, Guadet
et Grangeneuve sont élus députés de la Gironde à l'Assemblée Législative. Ils
seront réélus en 1792 à la Convention. |
Vergniaud |
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1837 |
Parution de la 1ère édition de l’ « Histoire
de Bordeaux depuis 1635 » de Pierre Bernadau ( 1759-1852)
contenant des notices inédites sur les avocats de son temps. Avocat,
écrivain, annaliste, Bernadau restera une des personnalités les plus
controversées du barreau de Bordeaux. Inscrit au Tableau en 1789, il ne figura plus dans les registres après 1811. Ecrivain prolixe
et souvent féroce, il est l’auteur d'Annales dénommées "Tablettes" commencées au début de la Révolution,
chronique au jour le jour de la Révolution fourmillant de détails plus ou moins exacts et de jugements impitoyables. Aucune étude de la Révolution à Bordeaux ne peut éluder cette source dont le manuscrit a été acheté par la Bibliothèque de la
Ville en 1860. Très attaché à sa profession d'avocat, même s'il l'exerça peu, il signait les ouvrages de son titre, à l’exception d’un seul « l’Almanach des plaisirs ou répertoire nouveau des jolies femmes de Bordeaux vouées au plaisir public... » signée du pseudonyme de "Paillardini". Mais, pas plus que les auteurs du célèbre « Tariffa delle puttane di Venezia, trois siècles plus tôt, il n'en accepta la paternité. Il a tout fait pour égarer les soupçons non seulement en dénigrant avec ostentation l’éditeur de l’ouvrage mais surtout en accusant d'en être les auteurs, deux avoués au tribunal de la ville Bayle (qui habitait cul de sac des Argentiers) et Mérigot (rue de la Devise ste Catherine). Ce qui pourrait indiquer que l’ouvrage est issu d’une écriture comme d’ expériences à plusieurs mains. |
1841 |
Aurélien de Sèze (1799-1870), est élu
Bâtonnier, une première fois. Légitimiste fervent, après
avoir été substitut à Bordeaux en 1823, puis avocat général en 1827, il avait
démissionné lors de la Révolution en 1830, pour ne pas avoir à prêter serment
à la branche d'Orléans. Elu en 1848,
député légitimiste à l'Assemblée constituante, réélu le 13 mai 1849, il
devient Président de l'Assemblée législative. Lors du coup d'état du 2
décembre 1851, il est parmi les représentants qui protestent à la Mairie du
Xe arrondissement (avec Berryer, Falloux, Barrot, Rémusat, Tocqueville... ),
il est emprisonné à la caserne du quai d'Orsay, puis à Mazas, d'où il est
relâché huit jours après. En 1851 (presque en même temps
que Dufaure), Aurélien de Sèze a quitté le Barreau de Bordeaux pour le
Barreau de Paris, où il sera membre du Conseil de l'Ordre en 1862. Mais en
1865, il revint s’inscrire au Barreau de Bordeaux où il fut à nouveau
Bâtonnier en 1868-1869, quelques temps avant sa mort à Bordeaux en 1870. |
1846 |
Inauguration du Palais de Justice. Il
abritera la Cour d'Appel, le Tribunal Civil (qui deviendra le Tribunal de
Première Instance puis de Grande Instance) et d'autres juridictions. |
Le Palais de Justice de Bordeaux inauguré en 1846.
1848 |
Election au bâtonnat de Jean-Baptiste
Roustaing (1805-1879. Disciple fervent d'Allan Kardec, il est le futur
auteur de « Spiritisme chrétien ou la révélation de la révélation contenant
les quatre évangiles » publié à Bordeaux en 1866 et connu au Brésil - où il
est aujourd'hui encore considéré comme une source du spiritisme - sous le
titre "Os Quatro Evangelhos". Il consacra la fin de sa vie à des œuvres de charité. A sa mort il léguera au barreau de
Bordeaux le somme de 3000 francs pour être « affectée à secourir les avocats nécessiteux ». |
1850 |
Election au bâtonnat de Guillaume Brochon
(1810-1874), petit-fils de Guillaume Brochon et neveu de Louis Brochon
(le 13 août 1850). Réputé pour son
éloquence et sa connaissance des affaires, il devient Maire de Bordeaux
(nommé) en 1864, après avoir appartenu au Conseil Municipal depuis 1848. Pendant son
passage à la Mairie de Bordeaux, il a entâmé le dégagement de la cathédrale
Saint-André, percé le cours d'Alsace-et-Lorraine et la ligne des boulevards
extérieurs, construit l'église Saint-Ferdinand, la célèbre "flèche"
Saint-Michel et les fontaines des places de la Bourse, Fondaudège et du
Parlement. Ami des arts et
de la musique en particulier, il fut l'organisateur du recrutement des
musiciens de l'Académie de Sainte-Cécile. En conflit avec son Conseil,
hostile à sa politique de grands travaux, il se retira volontairement en
janvier 1867. |
1851 |
Le proscrit de l'Empire. |
1858 |
1858. Deuxième proscription de Sansas. Après
l'attentat d'Orsini, il est déporté en Algérie en 1858. Il ne rentrera à
Bordeaux qu'après l'amnistie de 1859 pour y reprendre sa profession
d'avocat. Dans l'opposition républicaine, il participe aux élections de
1869. Polémiste violent, habitué des libelles et
autres pamphlets, Pierre Sansas aura avec le Barreau de Bordeaux, qui
s'honorera de le maintenir au Tableau au temps de sa proscription, des
rapports tumultueux. Parce qu'il contestait avec véhémence la décision
d'ajouter leur titre après les noms des anciens Bâtonniers sur le tableau,
Sansas n'hésita pas à démissionner en 1868 :"Mon nom obscur ferait
évidemment tâche au milieu des anciens Bâtonniers si ingénieusement
signalés à l'attention publique. J'ai bien l'honneur de vous saluer. Sansas
». Jugeant, en outre, cette protestation insuffisante, il n'hésitera
pas à écrire et à faire imprimer une brochure contre le nouvel usage
instauré. Nommé Avocat général à Bordeaux le 5
novembre 1870, Pierre Sansas fut révoqué le 2 mai 1871 à cause de ses opinions
politiques. Le 23 mai 1871, Pierre Sansas demandait sa réinscription au
Tableau, mais le Conseil de l'Ordre exigeait avant d'y procéder, qu'il
reniât sa lettre de 1868 au Bâtonnier et son pamphlet. Il n'eut pas le
temps de s'exécuter, car il fut élu le 2 juillet suivant député de la
Gironde à l'Assemblée Nationale où il siégea comme Membre de la Gauche
avancée. Il vota la Constitution de 1875 et fut réélu en 1876. Il a publié
divers ouvrages dont "Les origines municipales de Bordeaux".
Il devait créer le Musée lapidaire de Bordeaux en 1867 et fonder en 1873 la
Société Archéologique de Bordeaux. |
1861 |
Edouard Delprat (1802 – 1877) : Un bâtonnier sous le second Empire
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1871 |
1871 marque la troisième élection au bâtonnat de Barthélemy
Lagarde (1795 - 1887). Inscrit au barreau de Bordeaux, en 1821, il se fit vite remarquer comme avocat d'assises et jurisconsulte. Il devait être successivement élu
bâtonnier en 1834 et en 1854. Opposant libéral sous la Monarchie de Juillet, il fut, à deux reprises, le candidat malheureux des libéraux à la Chambre des députés. Après la révolution de février 1848, il a été élu représentant à l'Assemblée Constituante, en avril 1848. Il y fut la voix républicaine du barreau de Bordeaux, - Ludovic Trarieux l'appellera "le girondin de 1848" - alors qu' Aurélien de Sèze y était l'organe légitimiste.
Battu aux élections du 13 mai 1849 à la l'Assemblée législative, il sera élu en septembre, à la faveur d'une élection complémentaire destinée à remplacer un élu légitimiste, en l'occurence, son confère Ravez décédé .
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1875 |
En 1875, Théophile Malvezin
(1824-1897), devenu avocat à quarante ans après avoir été avoué au
tribunal, publie l’Histoire des Juifs à Bordeaux. On lui dont aussi
des publications comme Michel de Montaigne : son origine, sa famille
(1875), Le Médoc et ses vins avec Édouard Féret (1876). Il
démissionne du barreau en 1877 pour se consacrer à l’administration d'une
société commerciale et publie une monumentale Histoire du commerce de
Bordeaux, en quatre volumes (1892). |
1877 1895 1898 |
Election de Ludovic Trarieux
(1840-1904), fervent républicain, bâtonnier en 1877. Ludovic Trarieux devient Ministre de la
Justice. Témoin en faveur d'Emile Zola après J'Accuse,
Ludovic Trarieux déclare la guerre à l'injustice et à l'intolérance en
fondant la "Ligue des Droits de l'Homme et du Citoyen". |
1899 1911 |
Ernest Monis, (1849-1929), avocat
inscrit au barreau en 1879, il fut avocat pendant 50 ans (mais avec une interruption de 1897 à 1920). Député de la Gironde en 1885, sénateur en 1891, il fut nommé ministre de la Justice dans gouvernement présidé par le célèbre avocat parisien, Waldeck-Rousseau 1899-1902, il demeure à ce titre le Garde des Sceaux qui connut la plus grande longévité sous la Troisième République. En 1911, Monis, devint président du Conseil pour cinq mois et fut président du Conseil général de la Gironde jusqu'à 1919, mais battu aux élections sénatoriales de 1920, il reprit sa profession d'avocat. Il plaida avec humilité devant des juridictions inférieures jusqu’à sa mort pour survivre. |
1914 |
Le bâtonnier Payen écrit :
" Le Barreau de Bordeaux est le plus illustre peut-être
de tous les Barreaux de France. Election en juin 1914, du bâtonnier Welcome
0'Zoux, auteur de "La Révolution de 1848 et l'Emancipation des
esclaves à l'Île Bourbon". Mobilisé quelques semaines après, il ne prendra
ses fonctions qu'après l'armistice de 1918. Trente-quatre avocats du
barreau de Bordeaux sont tombés au cours de la guerre 1914-1918. |
De la Tribune au prétoire
A ces grands premiers rôles de la vie politique s'opposent ceux qui ont préféré consacrer au prétoire leur courage et leur talent. De ceux-ci chaque époque a distingué les mérites.
Le passé leur proposait une prestigieuse référence : celle de Jean de Sèze, refusant la Jurade pour se consacrer exclusivement " à l'exercice et à l'emploi " de sa profession.
La Restauration leur offrit un modèle qui était déjà une éthique : Philippe Ferrère (1767-1815). Seul parmi les avocats de la Restauration, qu'il a pour la plupart formés, il ne fut ni magistrat, ni ministre, ni Bâtonnier de son Ordre.
Son option personnelle pour la voie judiciaire et sa mort le le 14 janvier 1815, lui interdirent les honneurs publics. Le choix du Procureur général le priva de la consécration ordinale.
Louis Brochon dit Brochon fils (1779-1850) et Honoré Tessier (1791-1863) illustreront une tradition strictement judiciaire, tandis que, sous le Second Empire, Edouard Faye (1802-1870), Auguste Vaucher (1808-1878) et Isidore Lafon (1810-1890) en seront les dignes épigones.
Seul,
toutefois, le dernier quart du XIXème siècle devait voir éclater une
génération susceptible, par son nombre et son talent, de perpétuer la "
légende ".
1875 |
René Roy de Clotte (1850-1915),
Fernand Habasque (1851-1927), ou Aurélien de Sèze II(1850-1921),
inaugurent une ère nouvelle du Barreau. |
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Ils seront suivis quelques années après
par Léonce Peyrecave (1840-1927), connu pour son célèbre exorde Fermons
les Codes, ouvrons les coeurs et qui a mené la plaidoirie
sentimentale à son apogée, moissonnant des acquittements que les jurys ne
savaient plus lui refuser, couronnant à quatre-vingt-quatre ans au grand
criminel, une carrière vierge de toute peine de mort. Une de ses causes les plus célèbres est la défense, en 1906, devant la Cour d'assises pour tentative d'empoisonnement sur la personne de son mari, de Mme Canaby, qui devait inspirer à François Mauriac, l'héroïne de Thérèse Desqueyroux. |
1891 |
Troisème élection au bâtonnat d'Etienne-Henry
Brochon, (1833-1896) dernier de la dynastie des Brochon au barreau,
collectionneur et botaniste estimé, il avait été déjà élu à deux reprises
en 1873 et 1881. |
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Le Barreau contemporain 1970-2002 C'est au
cours des années soixante-dix, que le barreau aura connu l'éclosion de la
modernité. En 1972, où il accueille en son sein les 30 anciens avoués du
ressort du Tribunal de Grande Instance, pour former avec eux par
"fusion ", la nouvelle profession d'avocat qui porte les
effectifs à 206 inscrits au tableau. Puis, sous effet de l'ouverture des
échanges européens et internationaux qui l'amènent à créer une section
européenne du barreau en 1979, il entreprend parallèlement de se tourner
vers l'Europe (jumelages avec la Law Society de Bristol en 1976, avec le
Barreau de Liège en 1978, avec l'Illustre Collège des Avocats de Bilbao en
1980, l'ordre de Casablanca en 1981, la Rechtsanwaltskammer de Munich en
1985, et l'Ordine degli avvocati de Florence en 1987) avant de mettre le
cap vers l'est en se rapprochant de Sibiu en Roumanie. C'est au
milieu des années 1980, fort de quelques trois cents cinquante membres, que
le barreau choisit la voie de l'aggiornamento et se tourne vers une
tradition novatrice trop longtemps jugulée. C'est le choix du renouveau et
de l'exploration de nouvelles contrées juridiques. En 1984, les jeunes
avocats de Bordeaux seront les premiers en France à bénéficier de stages
auprès de la Cour européenne des Droits de l'Homme à Strasbourg, et parmi
les tout premiers, à la Cour de Justice des Communautés européennes de
Luxembourg. En 1989, Me Stéphane Ambry fondera le CRIC (Centre de
Recherche, d'Informations et de Consultations sur droits des Enfants)
appelé à un développement constant.
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